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« Le bon touriste responsable est-il celui qui reste chez lui » ?

La chronique de Josette Sicsic (Touriscopie)


L’édition 2015 de la « Journée mondiale pour un tourisme responsable » était consacrée à un débat sur le « green marketing » et le « green washing ». Pourquoi pas ? Le tourisme responsable a beau afficher des valeurs de solidarité et de générosité, il a aussi des besoins bassement matériels l’obligeant à communiquer, faire du marketing et augmenter le nombre de ses clients. Malheureusement, bien qu’installée dans le paysage touristique depuis deux bonnes décennies, parfois plus, cette forme de tourisme peine à rassembler des troupes conséquentes de voyageurs. Pourquoi ?


Rédigé par Josette Sicsic le Vendredi 5 Juin 2015

Auteur : Trueffelpix Fotolia
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Certes, ce n’est pas sa vocation : tourisme responsable et tourisme de masse ne peuvent pas rimer.

De plus, nul n’ignore que les motivations économiques restent prédominantes en matière de choix de vacances.

On part où on peut et pas forcément où on veut. Pour de nombreux vacanciers, le choix est donc vite fait.

Ensuite, malgré l’indéniable progression de la sensibilité environnementale au sein de la population occidentale d’une façon générale, il est d’autres raisons qui font que le tourisme « solidaire », « responsable », « durable » a du mal à progresser.

D’une part, bien que connues, les nombreuses appellations restent floues.

Le volet social du tourisme responsable est très souvent ignoré du grand public

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
« De quoi s’agit-il au juste ? », se demandent certains. Il faut reconnaître que la confusion est légitime : entre tourisme de pleine nature et construction d’une école en pays dogon au cours d’un séjour, on ne voit pas très bien la relation.

De plus, le volet social du tourisme responsable est très souvent ignoré du grand public alors qu’il est majeur. Mais, beaucoup plus préoccupant : la baisse de l’engagement pour une consommation durable est spectaculaire. En effet, selon la dernière étude d’Ethicity, les Français ne sont plus que 45,2 % à afficher des préoccupations environnementales contre 50,9% en 2014 !

Il est même un groupe de sceptiques baptisés « les rétractés » qui se renforce. Méfiants vis à vis des industriels et des institutions, ces derniers appartiennent à des classes sociales fortement affectées par la crise, donc poussées au repli sur soi.

A l’inverse, les « share activists », totalement acquis à la cause responsable, progressent de 4 points, mais ils ne représentent que 12% des interviewés. Recrutés parmi des couches sociales éduquées et aisées, de tendance plutôt « cultural créatives » et « Do It Yourself », ceux-ci sont non seulement inquiets mais préoccupés par l’état de la planète tant sur le plan humain qu’environnemental.

On pourrait aussi ajouter qu’ égoïstement, ils sont préoccupés pour leur santé ! En gros, et malgré les nuances, la réalité est éloquente : un quart de nos compatriotes se désintéresse des enjeux environnementaux. Ce qui, à la veille de la COP 21, n’est pas de bonne augure !

Une affaire de conviction

Bien que difficiles à transposer dans le secteur touristique, ces résultats permettent de mieux comprendre pourquoi les efforts réalisés par les opérateurs touristiques, privés ou publics, influencent peu les voyageurs.

En effet, le CRT Bretagne qui a pris l’initiative de mettre en place un site internet dédié aux professionnels engagés dans une démarche responsable, n’enregistre sur ce site que de très faibles performances : 40 000 visites en un an.

C’est peu, voire décourageant. Du côté de Cap France, même constat : on a beau avoir mis en place une véritable stratégie de développement durable, la responsable de la démarche « Chouette nature », Véronique Lelièvre, constate que ce type de stratégie n’est pas payante dans le choix de la clientèle.

Un son de cloche auquel bien d ‘autres pourraient faire écho démontrant que le « Green marketing » est certes utile mais peu efficace. En fait, comme l’explique le très populaire Pdg de « Voyageurs du monde », « l’engagement responsable est une affaire de conviction… il n’y a pas de gagnant gagnant ».

Et, ajoute-t-il, c’est surtout une conviction en matière de droits de l’homme. Un sujet sur lequel, pour ma part, je ne désarme pas…

Pour aller dans le même sens, rappelons encore cette étude parue il y a moins d’une dizaine d’années, selon laquelle la population nord américaine a beau accomplir des écogestes chez elle, elle les abandonne dés lors qu’elle est en voyage.

Rien de surprenant à cela : à la maison, on règle les factures, à l’hôtel, les excès de climatisation et les robinets ouverts sont imputés à l’hôtel…

La contradiction touristique

Enfin, au royaume des contradictions, on n’en est pas à une prés : le tourisme consomme sans sourciller des déplacements en voiture et en avion qui contribuent largement à polluer un peu plus l’air de la planète.

Et, malgré tout, nul ne s’attaque à ces lobby.

Face à la puissance économique des uns, que peut faire un petit voyagiste responsable ou un hôtelier labellisé ou encore un client soucieux d’éteindre la lumière de sa chambre et de ne pas prendre trois douches par jour ?

En fait, comme l’écrivait une universitaire britannique à l’issue de sa thèse sur le sujet : « le bon touriste responsable est celui qui reste chez lui » ! C’est peut être un moyen d’affirmer qu’au delà des discours, tourisme et responsabilité ne seront sans doute jamais vraiment compatibles !

Pour en savoir plus, abonnez-vous à Touriscopie - version papier et www.touriscopie.biz

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Commentaires

1.Posté par LAMIC Jean-Pierre le 06/06/2015 11:05 (depuis mobile) | Alerter
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Bonjour, Vouloir faire du tourisme responsable de masse revient à vouloir faire manger à des millions de personnes les pommes qui ont poussé naturellement dans le verger d’un territoire… Le tourisme responsable doit rester, l'apanage des artisans.

2.Posté par Malaterre Benjamin le 04/09/2015 12:19 | Alerter
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Le tourisme responsable doit rester l'apanage des artisans ?

En dehors du fait que cela ne veut pas dire grand chose, Il me semble plutôt que si on veut réellement améliorer l'impact de l'activité touristique, il faut faire en sorte que les "GROS" intègrent de manière prégnante le développement durable dans leur activité. Dans le but que celle-ci, soit plus au profit des populations hôtes et plus respectueuse de l'environnement.

Pour rappel, ce sont les "GROS" qui donnent le "La" sur le marché du tourisme et qui créés l'essentiel des impacts négatifs sur l'environnement social et naturel du pays hôte.

Rester entre militant et se gargariser de faire partir 100 touristes par an via des projets de tourisme communautaire ou d'écotourisme n'est pas "responsable", dans le sens où cela ne change pas les impacts négatifs globaux du tourisme sur les pays hôtes ; ni les clichés qu'ont la plupart des touristes français sur une façon de voyager qui, à mes yeux, est bien plus intéressante.

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